Blog

Rapports homme-femme

Rapports homme-femme

Rapports homme-femme : une psy toulousaine décrypte les malentendus

Publié le 17/02/2015 dans La Dépêche – Recueilli par Sylvie Roux

Dans son livre, «Un homme, un vrai» (éditions Odile Jacob), la psychiatre Stéphanie Hahusseau décrypte le malentendu émotionnel hommes/femmes et ouvre des pistes pour sortir des schémas qui nous gâchent parfois la vie.

Selon vous c’est quoi «un homme, un vrai» ?

S.H. C’est un être humain responsable, qui peut mettre ses qualités jugées «masculines», comme le courage, au service de la sensibilité. Qualité qui est jugée comme plutôt féminine.

Les femmes et les hommes sont-ils très différents au niveau des émotions ?

Pour les hommes, la principale émotion qui est jugée comme de la faiblesse, c’est la tristesse. Celle qui est acceptée et valorisée, c’est la colère. Quand un petit garçon pleure, au lieu de lui apprendre à avoir de la bienveillance pour ses émotions, on a tendance à lui dire : «arrête de pleurer, t’es pas une fille». Mais en verrouillant l’émergence de la tristesse, les hommes ont tendance à bloquer toute leur sensibilité. Les femmes n’ont pas plus d’émotions que les hommes, mais comme la société les pousse vers des professions axées sur le soin à autrui, elles sont plus confrontées à des contextes difficilement contrôlables. Or ce qui tourne autour du soin à autrui n’est pas valorisé. Les valeurs qui ont le vent en poupe c’est la confiance en soi, l’esprit de compétition.

Ces stéréotypes ont-ils un impact sur la santé ?

C’est l’objet de mon livre. J’ai voulu taper un peu du poing sur la table, car si l’on continue, on va dans le mur. Les chiffres de l’OMS sont alarmants, les Français sont les premiers consommateurs de psychotropes. Chez les hommes, l’émotion valorisée étant la colère, on voit de plus en plus de passages à l’acte agressifs. Ce sont leurs partenaires qui font tampon. Il y a de plus en plus de burn-out chez les femmes.

Que peuvent apprendre les hommes des femmes, et réciproquement ?

Il faut que les femmes apprennent à ressentir les émotions dans leur corps. Quant aux hommes, ils devraient s’occuper davantage de leurs émotions, arrêter de considérer qu’elles sont liées aux hormones et au sexe de la personne.

Un conseil pratique pour faire face à des émotions ?

Il y a des méthodes, j’ai écrit plusieurs livres sur le sujet. Il faut apprendre à laisser aller sa respiration, à visualiser des moments difficiles auxquels on a dû faire face dans sa vie en essayant d’en ressentir la douleur. Accepter de ressentir un peu les douleurs liées aux émotions, les accueillir avec bienveillance, c’est bénéfique à moyen et à long terme. On s’économise des problèmes de santé, on améliore son immunité, son fonctionnement cardiovasculaire… Il y aurait beaucoup de choses à faire autour des émotions, dans tous les domaines : politique, éducation, santé.

Rencontre-débat à la librairie Privat le samedi 21 février à 17 heures et le vendredi 27 mars à la Fnac-Wilson à 17 h 30.